Noël baroque en Italie
Pour son concert d'hiver 2019, le Chœur Universitaire de Grenoble a proposé au public un Noël baroque en Italie reposant sur deux grandes œuvres du répertoire baroque : le Magnificat à 6 voix de Claudio Monteverdi et le très célèbre Gloria d'Antonio Vivaldi. C'est accompagné par les instruments d'époque du Jardin Musical que le CUG a mis à l'honneur ces deux œuvres.
Cet ensemble dirigé par Christine Antoine regroupe des musiciens issus de grandes formations tels que Les Musiciens du Louvre, l'Orchestre des Pays de Savoie, le Swiss Consort... Le Jardin Musical, dirigé par Christine Antoine complétera le voyage baroque en Italie avec le Concerto grosso en do (Opus 2, numéro 2) de Francesco Geminiani.
Le Jardin Musical
Les musiciens de l’ensemble « Le Jardin Musical » sont tous issus de grandes formations (Ad Fontes, Orchestre des Pays de Savoie, Swiss Consort, Ensemble Baroque de Nice, Les Musiciens du Louvre, etc).
Sous l’impulsion de Christine Antoine, ils se réunissent en petite formation dite « un par partie », ce choix permettant également de recréer un univers où chaque instrumentiste met en valeur les reliefs de l’écriture polyphonique et l’interprétation soliste de la partition.
Le Jardin Musical, en friche ou en floraison, cultive à chaque concert les liens musicaux entre « les nations », voyages musicaux et échanges avec le public.
Tous polyvalents, les musiciens jouent sur instruments d’époque, et s’intéressent particulièrement au répertoire baroque, mais aussi à la musique contemporaine. Ces deux pôles se rejoignent lors de concerts mettant en valeur des œuvres peu connues du grand public, et expliquant les diverses formes d’écriture qui se rejoignent dans l’expression universelle de la musique.
Le programme
Francesco Geminiani, Concerto Grosso op.2 N°2
Francesco Geminiani, est probablement né en 1680 à Lucca. Il étudie le violon avec Lonati à Milan, puis Corelli à Rome. Il travaille ensuite la composition avec Scarlatti à Naples. Vers 1714, il émigre à Londres où il mène une carrière de violoniste virtuose. On sait qu'il réside à Paris, entre 1749 et 1755, pour finalement devenir maître de chapelle à Dublin, ville dans laquelle il mourût en 1762.
Son œuvre comprend essentiellement des compositions pour violon et violoncelle, avec un ouvrage pédagogique qui fait encore école "the art of playing on the violin", ainsi qu'un traité de composition "guida armonica, o Dizionaro armonico (Londres, 1742).
Les 6 concerti grossi de Francesco Geminiani, opus 2, publiés en 1732 par Walsh à Londres, furent remaniés en 1757 avec la mention "printed for the autor". La nature des modifications est déterminée par l'influence du "goût" de la musique baroque : ornementations, conduite des voix, orchestrations, modes de jeux… C’est une source pédagogique importante pour l'étude de cette époque musicale. Geminiani, ajoute au Concertino, un alto solo et anticipe sur la formation classique dite "quatuor", bien en avance sur Corelli où Haendel.
Claudio Monteverdi, Magnificat a sei voici (1610)
Le Magnificat a sei voici apparaît être la pièce finale d’un recueil intitulé « Sanctissimae Virgini Missa senis Vocibus, Ac Vesperae pluribus decantandae » et contenant notamment les célèbres Vêpres à la Vierge. Il suit donc, dans ce recueil, le Magnificat a 7 qui achève les vêpres. On a peu d’indications sur ce recueil, cependant, l’impression mentionne une dédicace de ce Magnificat a sei voci au Pape Paul V. Certaines recherches tendent à montrer que, par ce recueil, Monteverdi souhaitait se recommander en qualité de compositeur auprès de personnes influentes… La présence des deux Magnificat peut s’expliquer par le fait que ce second puisse remplacer le premier dans l’hypothèse d’une version des Vêpres à la Vierge a capella.
Pour l’écriture de ce Magnificat a sei voci, il est plus que probable que Monteverdi n’avait qu’un orgue et une basse continue en tête pour accompagner chœur et solistes. Cependant, il est courant à l’époque d’ajouter des instruments en colla parte. Plus sobre que le Magnificat a 7, il est cependant un très beau caléidoscope de l’écriture de Monteverdi. La majeure partie des mouvements est écrite sur cantus firmus (thème en valeur longue) au-dessus desquels se développent contrepoint, imitation, échos, virtuosité…
Antonio Vivaldi – Gloria en Ré Majeur
Des trois Gloria composés par Vivaldi, il est le plus célèbre. Composée vers 1713, cette œuvre pour chœur et petit orchestre est certainement l’une des plus connues du compositeur. Y sont réunis tous les styles d’écriture de Vivaldi, chacun étant mis au service du texte. Le caractère martial du premier mouvement, laisse place à une extrême douceur lors du deuxième. Le chœur, traité de façon tantôt verticale tantôt contrapuntique tient une place de choix dans l’œuvre, mise en valeur par l’alternance avec les mouvements pour solistes soprano ou alto. Si l’on retrouve l’écriture sacrée du compositeur, on ne peut s’empêcher de penser à ses pages d’opéra tant les atmosphères sont variées et contrastées.